Préambule

                Le mode de vie occidental conduit à puiser sans compter dans des énergies de stock : les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Puisque par définition elles ne sont pas renouvelables au rythme où nous les extrayons, chacun devrait s'interroger sur son propre niveau de consommation énergétique. Et quand bien même les réserves actuelles connues permettraient aux occidentaux en particulier de maintenir ce niveau encore pendant des décennies en attendant le Graal qui assurerait aux humains l'abondance jusqu'à la nuit des temps, la menace de la disparition des espèces -dont l'espèce humaine- due au réchauffement climatique doit nous conduire à la même conclusion : ne rejeter dans l'atmosphère que la seule quantité de carbone que les écosystèmes sont capables d'ingérer sans dommages. Nous en sommes très loin en 2017 !

                L'un des facteurs qui nous permettraient de converger vers cet objectif est la construction économe en énergie, le résidentiel-tertiaire étant l'un des principaux vecteurs responsables de rejets de CO2 : 20% des rejets en 2013 selon le ministère de l'Environnement.

                La RT 2012 impose depuis le 1° janvier 2013 un niveau de consommation max de 50 kWh/m².an (variable selon les régions et les caractéristiques de la maison) pour le chauffage, le rafraîchissement, l'éclairage et les auxiliaires. Mais le gouvernement a déjà autorisé des dérogations ! L'art de pondre des lois que des amendements dénaturent totalement !

               Se profile la RE 2018 (Réglementation Environnementale) dont on ne connaît pas totalement les contours à l'heure où ces lignes sont écrites (février 2017). Néanmoins, ce dont on peut être certain, c'est qu'elle imposera des consommations d'énergie inférieures à la RT 2012 et il semblerait que l'objectif soit que le bâtiment ait un bilan énergétique positif (BEPOS ?). Donc produire plus d'énergie qu'il en consommera ! Mais quelles consommations prendra-t-on en compte ? Toutes ? Energie pour la cuisson, pour le lavage-linge, le lave-vaisselle, bref toutes les consommations d'électricité dites spécifiques, celles qui ne peuvent être remplacées par une autre ?

                      Comment produire plus d'énergie que le bâtiment n'en consomme ? Les solutions ne sont pas légion : soit produire de l'eau chaude avec un CESI (Chauffe-Eau Solaire Individuel), soit produire de l'électricité avec des panneaux photovoltaïques (les éoliennes individuelles ayant démontré leurs limites et souvent interdites dans les règlements d'urbanisme). Mais il semblerait que la connexion à un réseau de chaleur (approvisionné à au moins 50 % par des énergies renouvelables) sera également prise en compte dans les critères d'appréciation du bilan énergétique positif. De même que l'utilisation d'un poêle à bois. Curieux car consommer du bois, c'est consommer de l'énergie (même si elle est renouvelable à l'échelle d'une vie humaine) et non pas en produire !

               Selon ce que l'on peut lire aujourd'hui, début 2017, la RE 2018 s'intéressera aussi au bilan énergétique pendant tout le cycle de vie du bâtiment. Ce qui impliquera la prise en compte de l'ensemble des consommations énergétiques pour produire les matériaux, les transporter, construire le bâtiment, l'entretenir et le recycler en fin de vie.

               Certains matériaux exigent beaucoup d'énergie (extraction, transformation). C'est le cas du ciment, du verre, des isolants minéraux (laine de verre, laine de roche) qui nécessitent des fours à haute température pour leur fabrication. Le bois peut constituer une alternative très intéressante dans la mesure où la fabrication de l'ossature d'une maison est peu gourmande en énergie. La disponibilité d'essences locales limite le bilan carbone du transport. Une maison bois stocke du carbone et le bois se recycle facilement en fin de vie. De multiples avantages par rapport aux matériaux traditionnels que sont le parpaing, la brique...

                Enfin, dernier point susceptible d'être pris en compte par la RE 2018 : l'emplacement de la construction. La proximité des services (école, commerces, lieu de travail,...) entrerait dans le calcul de ce que l'on appelle l'éco-mobilité. En effet, où se situe l'intérêt environnemental si la construction d'une maison implique des déplacements quotidiens en voiture (donc des rejets massifs de CO2) pour accéder à tous ces services ?

                Un beau programme ! Mais la profession est vent debout contre cette nouvelle réglementation et réclame déjà des délais supplémentaires pour sa mise en application ! Les pouvoirs publics envisagent 2018 pour les bâtiments publics et 2020 pour tous les autres. Nul doute que les lobbies sauront trouver les appuis politiques ad hoc pour imposer des solutions qui leur permettront de profiter de l'effet d'aubaine et d'engranger des profits mais qui réduiront les effets bénéfiques de cette réglementation. Un bel exemple aujourd'hui : 95 % des maisons RT 2012 satisfont la contrainte de production d'énergie renouvelable par une PAC air/eau. Quant on connaît les performances de ces dispositifs par temps froid, on ne peut que s'étonner de la complaisance des pouvoirs publics envers les fabricants. Le chantage à l'emploi est une arme redoutable que les lobbies manient à merveille !

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